Le départ Ce même jour 2 Octobre 1872, Philéas Fogg avait engagé un domestique français, Passe-Partout. Passe-Partout avait choisi cette place, après avoir beaucoup voyagé, parce qu'il désirait la tranquillité, et que Philéas Fogg était connu pour son calme et sa vie réglée. -
A 7 h 25, Philéas Fogg, après avoir gagné une vingtaine de guinées au jeu, prit congé. A 7 h 50, il ouvrait la porte de sa maison, et rentrait chez lui. Il monta d'abord dans sa chambre, puis appela : - Passe-Partout. Ce dernier se montra. - Nous partons dans dix minutes pour Douvres et Calais, dit Philéas Fogg. Une sorte de grimace s'ébaucha sur la face ronde du Français. - Monsieur se déplace? demanda-t-il. - Oui, répondit Philéas Fogg. Nous allons faire le tour du monde. -
Passe-Partout, l'oeil démesurant ouvert, la paupière et le sourcil surélevés, les bras étendus, le corps affaissé, présentait alors tous les symptômes de la stupeur. - Le tour du monde! murmura-t-il... - En quatre-vingts jours, répondit M. Fogg. Ainsi, nous n'avons pas un instant à perdre. - Mais les malles?... dit Passe-Partout. - Pas de malles. Un sac de nuit seulement. Dedans, deux chemises de laine, trois paires de bas. Autant pour vous. Nous achèteront en route. Vous descendrez ma couverture de voyage. Ayez de bonnes chaussures. D'ailleurs, nous marcherons peu ou pas. Allez. Passe-Partout aurait voulu répondre. Il ne put. Il quitta la chambre de M. Fogg, alla dans la sienne, et tomba sur une chaise : - Eh bien! dit-il, elle est forte, celle-là. Moi qui voulais rester tranquille. -
A 8 heures, Passe-Partout avait préparé le modeste sac qui contenait sa garde-robe et celle de son maître; puis, l'esprit encore troublé, il quitta sa chambre, dont il ferma soigneusement la porte, et il rejoignit M. Fogg. M. Fogg était prêt. Il portait sous son bras le journal qui devait lui fournir toutes les indications nécessaires à son voyage. Il prit le sac des mains de Passe-Partout, l'ouvrit, et y glissa une fort liasse de ces banks-notes qui ont cours dans tous les pays. - Vous n'avez rien oublié? demanda-t-il. - Rien, Monsieur. - Bien. Prenez ce sac. Et ayez-en bien soin. Il y a vingt mille livres dedans. Le sac faillit s'échapper des mains de Passe-Partout, comme si les vingt mille livres eussent été en or, et pesé considérablement. Le maître et le domestique descendirent alors, et la porte de la rue fut fermée à double tour. -
Une station de voitures se trouvait à proximité. Philéas Fogg et Passe-Partout montèrent dans un cab, qui se dirigea rapidement vers la gare de Charing-Cross. A 8 h 20, le cab s'arrêta devant la grille de la gare. Passe-Partout sauta à terre. Son maître le suivit, et paya le cocher. En ce moment, une pauvre mendiante tenant un enfant à la main, pieds nus dans la boue, un châle en loques sur ses haillons, s'approcha de M. Fogg, et lui demanda l'aumône. M. Fogg tira de sa poche les vingt guinées qu'il venait de gagner au jeu, et , les présentant à la mendiante : - Tenez, ma brave femme, dit-il, je suis content de vous avoir rencontrée ! Passe-Partout eut comme une sensation d'humidité autour de la prunelle. Son maître avait fait un pas dans son coeur. -
A 8 h 40, Philéas Fogg et son domestique prirent place dans le même compartiment pour Paris. A 8 h 45, un coup de sifflet retentit, et le train se mit en marche. La nuit était noire. Il tombait une pluie fine. Philéas Fogg, accoté dans son coin, ne parlait pas. Passe-Partout, encore abasourdi, pressait machinalement contre lui le sac aux bank-notes. Mais le train n'avait pas dépassé Syndenham que Passe-Partout poussait un véritable cri de désespoir! - Qu'avez-vous? demanda M. Fogg. - Il y a... que... dans ma précipitation... j'ai oublié... d'éteindre le bec de gaz de ma chambre! - Eh bien, mon garçon, répondit froidement M. Fogg, il brûle à votre compte... | |
Consigne de lecture et d'écriture Lecture, questionnement oral et débat interprétatif 1) Découverte et lecture silencieuse des élèves. 2) Lecture à voix haute du maître. 3) Questionnement oral et Débat interprétatif. (Exemples de questions posées et de réponses d'élèves) 1. Combien Philéas Fogg a-t-il gagné au club ? 2. Pour quelles raisons, la grimace de Passe-Partout s’ébauche-t-elle seulement ? 3. Les symptômes de la stupeursont tous les signes qui montrent qu’il est très étonné, stupéfait. Relevez tous ces signes ou attitudes. imaginez d'autres symptômes et expression montrant la stupéfaction. 4. Pourquoi Passe-Partout réagit-il comme cela ? 5. Pourquoi selon vous le sac échappe-t-il des mains de Passe-Partout ? 6. Avant d’entrer dans la gare, quelle grande qualité Philéas Fogg nous dévoile-t-il ? 7. Pourquoi Passe-partout pousse-t-il un cri de désespoir dans le train ? 8. Que signifie: « Il brûle à votre compte »? Comment expliquez-vous que Mr Fogg soit si dur avec Passe-Partout ? Est-ce parce qu’il est avare ? Consignes d'écriture 1) Philéas Fogg raconte dans son journal ses impressions sur son départ et son nouveau valet. et/ou 2) Passe-Partout écrit à un parent ses impressions sur son nouvel emploi. et/ou 3) Andrew Stewart, qui a décidé de suivre et d'espionner Philéas Fogg, écrit une première lettre à ses partenaires. Selon vous quelles premières impressions les deux personnages ont-ils l'un de l'autre? Philéas envers Passe-partout | Passe-partout envers Philéas | Il semble étourdi (attention au sac). Il semble être également maladroit (attention au sac). Il ne semble pas aimer voyager. Il a l'air effrayé, abasourdi, un peu stupide peut-être.. Il a eu l'air ému devant la mendiante, il doit avoir du coeur. | Il est imprévisible, et ne correspond pas à sa réputation. Il est imprudent, insensé et prend trop de risques.(20 000 livres dans un sac!) Il a peut-être du coeur et de la générosité avec ceux qui ont besoin. Il est sévère et il ne pardonne rien. (le bec de gaz et la note à payer) | | |